Énergies renouvelables Les bus strasbourgeois rouleront bientôt à la rafle de maïs
Les bus de Strasbourg vont rouler à l’hydrogène produit par un nouveau procédé, plus respectueux de l’environnement, à partir de biomasse. Un coproduit servira d’intrant biologique pour des maraîchers de la région.
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Les véhicules propulsés à l’hydrogène sont de plus en plus nombreux dans nos villes. Ce mode de propulsion présente l’avantage de ne rejeter ni particule, ni gaz à effet de serre, mais seulement de l’eau, limitant ainsi la pollution atmosphérique en ville. Cependant, la production d’hydrogène est énergivore et se fait bien souvent à partir d’énergies fossiles, déplaçant le problème plutôt que de le régler.
La start-up Haffner Energy a mis au point un nouveau procédé de production, à empreinte carbone neutre, à partir de plaquettes de bois, et bientôt de rafles de maïs. Un premier démonstrateur industriel va être mis en place en partenariat avec Réseau-Gaz de Strasbourg (R-GDS), et devrait permettre de faire rouler quotidiennement une trentaine de bus Strasbourgeois d’ici à deux ans.
Un système ingénieux, à l’efficacité démontrée
Un prototype d’unité de production, cofinancé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), situé à Vitry-le-François (Marne), produit actuellement 120 kg d’hydrogène par jour à partir de plaquettes de bois. Celui qui sera mis en place dans la banlieue strasbourgeoise devrait en produire quotidiennement 650 kg. Cette quantité d’énergie correspond à la consommation de 1 500 véhicules parcourant une distance annuelle de 15 000 km.
Pour ce faire, le bois est thermolysé, c’est-à-dire qu’il est porté, sans flamme, à une température avoisinant les 450°C. Les atomes se détachent alors les uns des autres et du syngas est produit. Une petite partie de ce gaz énergétique est utilisée pour maintenir la température du réacteur et le reste est filtré pour n’en garder que l’hydrogène, qui servira à faire rouler proprement des véhicules.
Un coproduit à haute valeur agronomique
Les restes du bois chauffé se présentent sous forme de biochar. Une sorte de charbon, qui constitue un amendement agricole biologique. Celui-ci permet le stockage de carbone dans les sols, l’amélioration de la rétention en eau et bénéficie à la biodiversité des sols, en les enrichissant en matière organique stable. R-GDS estime à 1 500 tonnes la production annuelle de biochar de l’unité de production et a prévu d’en faire profiter les maraîchers de la région strasbourgeoise.
Une valorisation possible des rafles de maïs
Si le bois a un fort pouvoir de production d’hydrogène, c’est aussi le cas de produits agricoles. L’idée de concurrencer les productions alimentaires est rapidement balayée de la main, par R-GDS, qui préfère valoriser les déchets des producteurs de maïs alsaciens. Les maïs, récoltés en poupées, sont séchés et stockés en cribs puis égrenées, généralement au printemps. Les rafles obtenues constituent des déchets parfois difficilement valorisables.
70 agriculteurs de la région valorisent déjà près de 30 tonnes de rafles chaque semaine avec Réseaux chaleur urbains Alsace (R-CUA), filiale de R-GDS. L’optimisation de l’utilisation de ces rafles de maïs pour produire de l’hydrogène est actuellement à l’étude par Haffner et R-GDS. À l’avenir, c’est plus d’une centaine d’agriculteurs qui pourraient valoriser les rafles dans cette filière. Si ce premier développement à échelle industrielle se révèle être un succès, il fera très probablement des petits dans la région mais aussi à travers la France et l’Europe.
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